Chalet La Volière

Courchevel

Une chose est de concevoir un projet architecturalement et techniquement complexe. Aménager 3 chalets conçus de la même manière, mais dans un esprit bien distinct en est une autre. Christophe Tollemer, y est parvenu, en véritable assembleur, à la façon d’un maître de chai qui élabore des vins à partir de plusieurs parcelles complémentaires.

A partir d’une même enveloppe, d’une ossature semblable, Christophe Tollemer a réussi le tour de force de donner naissance à 3 maisons très différentes. Et si chacun est habitée par un esprit distinct, toutes portent sa signature et relèvent clairement de sa composition. Un peu comme un peintre, qui à partir de toiles brutes, livre à différents moments de la journée (Monet) ou de sa vie (Rothko) des interprétations variées, mais qui n’en imprime pas moins un style.

A La Volière, de prime abord, il faut un certain temps pour se rendre compte que la matière brute est presque identique. C’est la même terre que le sculpteur va façonner, mais pour donner à chaque fois un bronze différent. Ainsi, dans le chalet des Bastidons, ont été assemblées des pièces de mobilier ancien, comme des fauteuils Louis XV dans le salon, tandis que d’autres ont été réinterprétées, par exemple les chaises Louis XIII de la salle à manger. Un dialogue des cultures cher à l’architecte, qui prend un tout autre relief dans le chalet Cryst’Aile, avec du mobilier aux lignes plus contemporaines et des luminaires de créateurs. Dans Nanuq, le choix de décoration, toujours un assemblage très Tollemerien, crée encore une atmosphère très différente. En jouant sur les vues extérieures, les scénarios de lumière propres à chaque pièce, l’architecte crée un monde à part. Multiplicité des formes d’expression, mais unicité du style.

3 ans de travaux, 3 chalets, plus de 70 corps de métiers sur le chantier, 40 meubles originaux dessinés, près de 2000m2, pas moins de 13 chambres, ces chiffres donnent le vertige. Mais ils ne rendent pas compte du soin infini apporté par Christophe Tollemer aux moindres détails de ce projet pharaonique.

C’est ainsi que l’architecte, a eu le coup de foudre en retournant un échantillon de mosaïque réalisé sur un support en plexiglas pour une douche. Il a habillé avec l’envers de la mosaïque originale un mur entier du Spa. Mais ce n’est rien à côté des garde corps, des pièces monumentales de 17 mètres de haut en forme de végétaux stylisés qui donnent du caractère aux cages d’escalier. Anguleuses, vives, les branches d’acier massives patinées de bronze ; exécutés par le ferronnier d’art Pouenat sont reliées par des lianes en laiton supportant des oiseaux en porcelaine réalisés par Coquet. Un moineau, un cardinal, une chouette dont l’intensité lumineuse varie pour donner de la vie à cette circulation. Un véritable chef d’œuvre. Un hommage aussi à la dénomination du terrain, La Volière, jadis planté d’un morceau de forêt. Si les propriétaires qui l’ont acquis ont laissé carte blanche à Christophe Tollemer, l’idée maîtresse du projet repose sur son intégration à l’environnement. Une centaine d’arbres ont ainsi été replantés sur la propriété. On pourrait croire qu’ils ont toujours été là. Comme les chalets conçus par l’architecte Velghe-Michaux habillés de planches de bois d’anciennes constructions démontées et repositionnées sur le bardage extérieur. Cet aspect vieilli au cachet si particulier leur confère un aspect de maison de famille. Le respect de la tradition ce sont aussi les lauzes taillées dans la masse, dans le respect des savoir-faire ancestraux.

Réalisation finale

Croquis d'intention